Hippolyte Boussac

Hippolyte BOUSSAC


27 juin 1846 – 25 janvier 1942

 Le véritable essor du Centre Languedocien d’Egyptologie de Béziers est intimement lié à la

redécouverte et à la présentation des oeuvres d’Hyppolite BOUSSAC au grand public.

Pour s’en convaincre, citons les propos de notre Président, le Dr Labib-Georges Ghaly

extraits de la préface du catalogue de l’exposition de l’été 2004 :

 

« En hommage à ce savant, égyptologue, orientaliste, architecte et dessinateur, la Direction

des Musées de Béziers a demandé le concours du Centre Languedocien d’Égyptologie afin de

poser un regard scientifique sur l’infime partie des oeuvres de Boussac en sa possession. Le

Centre Languedocien d’Egyptologie et son équipe de recherche, composée des égyptologues

membres du Centre François-Daumas, ont rassemblé leurs efforts, afin de faire sortir de

l’anonymat le travail de cet égyptologue, longtemps méconnu, et resté jusque là dans

l’oubli ».

 

Biographie

 

Amans Paul Hippolyte Boussac naît à Narbonne le 27 juin 1846 d’un père forgeron et d’une

mère dont les ancêtres ont assumé la charge de géomètres et d’architectes dans la

communauté narbonnaise.

 

Études

 

La vie d'Hippolyte Boussac est difficile à cerner, bien que presque entièrement consacrée à

l'égyptologie et malgré l’existence d’articles publiés dans de nombreuses revues françaises

et étrangères, car seuls quelques rares documents manuscrits ont été conservés.

Il semble avoir poursuivi des études en sciences humaines, avec peut être l'étude du grec.

Hippolyte Boussac dit lui-même, que ce sont « les délices des études grecques qui l'ont

mené aux égyptologies savantes ».

Particulièrement doué en dessin, Hippolyte Boussac peut envisager une carrière de

géomètre ou d'architecte. Il souhaite poursuivre des études d'architecture, ce qui le conduit

à « monter à Paris » à l'âge de 18 ans.

Il entre d'abord à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts, avec pour objectif la

connaissance approfondie des architectures grecque et pharaonique.

En 1870, il participe en tant qu’engagé volontaire à la défense de Paris pendant la guerre

franco-prussienne. Blessé lors de cet affrontement, il reçoit une médaille d’ancien

combattant.

De retour à la vie civile, il est diplômé d'architecture et fait un premier voyage en

Méditerranée avec Athènes comme première escale.

Sa deuxième escale lors de ce voyage est Alexandrie. « Saisi par la magie orientale », il

éprouve un coup de foudre pour l'Égypte. De retour à Paris, il suit en autodidacte les cours

et les conférences de l'École des Hautes Études, de l'École des Langues orientales et du

Collège de France. Ses études de la langue et de la civilisation de l'Égypte ancienne, déjà

commencées avec Emmanuel de Rougé se poursuivent avec son successeur Gaston

Maspero. Maspero qui finit, en 1880 ; par faire triompher son idée : créer au Caire une école

sur le modèle de celle qui existait déjà à Athènes pour l'étude des monuments grecs. C'est

l'Institut français du Caire (IFC) qui devient plus tard l'Institut Français d'Archéologie

Orientale (Ifao).

À son retour d'Égypte, en 1886, Maspero réorganise les études égyptologiques et forme une

nouvelle génération d'égyptologues. Boussac en suit tous les cours ainsi que ceux de

zoologie donnés au Museum, ce qui lui permet d’approfondir ses connaissances sur la faune

égyptienne. Il fréquente en outre les grandes bibliothèques.

 

L’Égypte

 

En 1891, il est envoyé en Égypte par le gouvernement, sur demande de Maspero, avec

Georges Bénédite, Jules Bayet, Dominique Mallet, le père Vincent Scheil, Émile Chassinat et

Georges Legrain. Ils ont pour mission d'exécuter des relevés à l'aquarelle des peintures

murales de tombes égyptiennes. Il fera encore semble-t-il six autres voyages, le dernier dans

les années 1920.

À son arrivée en Égypte en 1891, Boussac devient membre du Cercle Français du Caire. Il

collabore aux fouilles de l'Institut français du Caire récemment créé.

Il a régulièrement publié ses travaux de 1892 à 1935. Son oeuvre présente plusieurs aspects,

et comprend des dessins et des relevés aquarellés de peinture de tombeaux, réalisés de

1895 à 1913, dont cinq oeuvres commandées et achetées par l'État. De nombreux articles

édités dans des revues savantes françaises et étrangères viennent s’y ajouter. Plusieurs

d’entre eux sont consacrés à la description de monuments, temples ou tombes. Il raconte

ainsi l'histoire de « l'Île de Philæ » depuis les premiers souverains mythique qui régnèrent sur

l'Égypte antique, Isis et Osiris.

Dans L'Exode des dieux, il s'intéresse aux sculptures du temple de Louqsor, aussi bien d’un

point de vue artistique que de celui de la variété des scènes sculptées.

D'autres articles sont consacrés à la faune pharaonique sous un angle à la fois descriptif et

symbolique. Insectes, reptiles, oiseaux, lions, tous les animaux figurant sur les monuments

lui paraissent dignes d’intérêt et font l'objet de recherches et de publications assorties de

dessins

Cynocéphale bleu ; tombe de Sennedjem (TT 1), ramesside.

Ainsi dans la revue La Nature, il s'intéresse particulièrement au cheval dans l'un des articles

de la série « Nos animaux domestiques dans la civilisation égyptienne ».

Il échange une correspondance abondante avec son maitre G. Maspero, lui relatant

l'évolution des chantiers en Égypte. Ses relevés de tombes, travaux durement acquis au prix

de ce que Maspero qualifie de « véritable sacrifice », lui permettent de participer à de

nombreux salons. Il est ainsi primé, en 1892, pour sa reproduction de la tombe d’Anna (=

Inéni, TT 81). Il fait parallèlement de nombreuses conférences à l'Académie des Inscriptions

et des Belles Lettres et à l'Académie des Beaux-Arts. C'est dans cette dernière que, déjà très

âgé, il présente « La peinture égyptienne dans le tombeau de la Reine Titi ».

 

Retour d'Égypte

 

Après de longues années passées en Égypte, au moins 40 ans, Boussac revient de sa dernière

mission, à 74 ans. Il doit se résoudre à rester à Paris, où il poursuit ses recherches, ne

s'accordant jamais de retraite. Pauvre et souvent isolé en raison de son caractère difficile, les

dernières années de sa vie sont difficiles.

Heureusement, en 1929, lors d'une séance de lecture à la Bibliothèque de l'Institut, il fait la

connaissance de la filleule de J.-A. Injalbert, 1er Prix de Rome, qu’il avait rencontré lors de sa

formation à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts. Particulièrement érudite en matière

de Beaux-Arts et d'Archéologie, conférencière, Paule Paget trouve en Boussac un

interlocuteur passionnant, début d’une longue amitié.

 

Hippolyte Boussac et Paule Paget

 

Consciente qu'il « est réduit à la plus grande misère », Paule Paget s'occupe du «vieux

Boussac », alors âgé de 84 ans Grâce à son intervention, l'Académie des Inscriptions et des

Belles Lettres lui obtient en 1936 une bourse décernée par la ville de Paris, à laquelle

s’ajoute la retraite des vieillards, et quelques secours d'urgence. C'est encore elle qui

parvient à l’installer dans une maison de retraite. À la veille de la guerre, elle finit par le

persuader de redescendre dans le midi, chez les religieuses de Cazouls-lès-Béziers, où il

décèdera le 25 janvier 1942. C'est encore elle qui sauve ses aquarelles, dessins et manuscrits

en vue de perpétuer sa mémoire.

Hippolythe Boussac et Paule Paget (à gauche).

Neuf ans plus tard, les nièces héritières de Paule Paget lèguent quelques objets lui

appartenant au musée d’Art et d’Histoire de Narbonne.

 

Postérité

 

En 2004, la Ville de Béziers et le Musée des Beaux-Arts consacrent à cet artiste une

exposition à l'Espace Riquet, où est présentée pour la première fois au public l'ensemble de

la collection découverte quelques mois auparavant.

Dans cette exposition, fut présenté des relevées aquarellés des tombes de Sennedjem (TT 1),

Tombe de Sennedjem, ramesside

d'Inéni (TT 81), d'Amenemhat (TT 82), de Rekhmirê (TT 100), de Sennefer (TT 96B, dite

« tombe aux vignes »), de Nakht (TT 52),

Tombe de Nakht XVIII e dyn.

de Houy (TT 40), d'Ameneminet (TT 277), de Nebamon (usurpée par Imiseba, TT 65), de

Paneb (TT 211), d'Ouserhat (TT 51), de la reine Tyty (QV 52), des reliefs du temple funéraire

de la reine Hatchepsout à Deir el-Bahari, ainsi que de très nombreuses planches zoologiques

à l'encre de chine.

Scène de chasse à l’oryx : mastaba de Ptahhotep, Ve Dyn.

 

Quelques publications

(liste non exhaustive)

 

Tombeaux Thébains. Le tombeau d’Anna, MMAF XVIII, Paris, E. Leroux, 1896 ;

Tombeau d'un astrologue thébain de la XVIIIe dynastie, JRIBA V/3, vol. 5, 1897, p. 53-

59 ; with English translation ;

« L'Exode des dieux. Étude des bas-reliefs du temple de Louxor », La Nouvelle Revue,

1898 ;

« L'Île de Philae », La Nouvelle Revue, no 101, 1895-1899, p. 346 ;

« La Mandara du Cheik el-Beled », La Nature, no 1617, 21 mai 1904 ;

« Animaux domestiques dans la civilisation égyptienne », La Nature, no 1692, 28

octobre 1905 ;

« L'autruche dans la civilisation égyptienne », La Nature, no 1735, 25 août 1906 ;

« Le guépard dans l'Égypte ancienne », La Nature, 21 mars 1908 ;

« Le pigeon dans l'Ancienne Égypte », La Nature, no 1896, 29 septembre 1909 ;

« Le pélican dans l'Égypte ancienne », La Nature, no 1945, 3 septembre 1910 ;

« Égypte », La Nature, no 1945, 3 septembre 1910 ;

« L'oryctérope », La Nature, no 12094, 12 juillet 1913 ;

Seth-Typhon, Génie des Ténèbres, Paris, Les Fils d’E. Eyrolles, 1907 ; réimpr. éditions

Arqa, Librairie Atelier Empreinte, Marseille, 2005 ;

« Sauriens figurés sur les cippes d'Horus », Recueil de Travaux XXXI, 1909, p. 58-67 ;

réimpr. éditions Arqa, Librairie Atelier Empreinte, Marseille, 2005 ;

« Le pluvier de Mongolie : Charadrius mongolicus », Recueil de Travaux XXXI, 1909,

p. 138-139.

« L’héliorne d’Afrique : Heliornis senegalensis. Viellot », Recueil de Travaux XXXI,

1909, p. 180-181.

Voir aussi

https://www1.ivv1.uni-muenster.de/litw3/Aegyptologie/l_standard_kurzanzeige_autengl.ph

p?schlagwort=Boussac,%20Hippolyte


Bibliographie


Catalogue de l'exposition Hippolyte Boussac et l'Égypte, Musée des Beaux-arts de

Béziers, juillet 2004 en vente au Musée du Biterrois.

encyclopédie Wikipédia.